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Timothée Adolphe, une vie pleine de projets


Vice-champion paralympique du 100m au Jeux de Tokyo en 2021, six fois champion du monde, Timothée Adolphe, sprinteur malvoyant, est aussi acteur, musicien, ou encore concepteur de jeux vidéo. Portrait d’un touche-à-tout au parcours peu ordinaire.


Par Evan Glomot


Une malvoyance à la naissance, des années ponctuées par plusieurs incidents et chocs au niveau des yeux, puis une cécité totale depuis mes 19 ans. Une chance de voir le monde différemment”. C’est par ces propos et cette touche de positivité que Timothée Adolphe décrit son handicap. Né à Versailles dans les Yvelines le 29 décembre 1989, il découvre l'athlétisme paralympique à l'âge de dix ans. C'est devant sa télévision, alors qu'il regarde une des courses d'Aladji Ba, médaillé à Sydney en 2000, qu'il prend conscience que le sport de haut niveau est accessible aux déficients visuels. (Plus particulièrement à travers des épreuves de démonstration lors des championnats du monde de 1999).


Mais pourquoi choisir l’athlétisme quand on sait la difficulté à se situer quand on est malvoyant ? “L’athlétisme est un sport extrêmement complet et varié. Petit, j’avais énormément d’énergie à revendre et c’est tout naturellement que le sprint et la sensation de vitesse m’ont attiré” déclare t-il au site BleusHandisport. Sa discipline, pourtant individuelle, prend une dimension collective car les sprinteurs malvoyants comme Timothée courent avec des guides.


En plus de Cédric Felip, son guide avec qui il connaîtra ses plus grands succès, il en a même cinq autour de lui tout au long de ses préparations lors des grandes compétitions. Après s’être spécialisé dans le 100m, 200m et 400m, le “guépard blanc”, comme il est surnommé, fait la rencontre de Arthémon Hatungimana, vice-champion du monde sur 800m aux mondiaux d’athlétisme de 1995. Cette entrevue va changer la carrière du sprinteur français. En effet, l’athlète burundais prend Timothée sous son aile.


Ce dernier remporte sa première médaille, en bronze sur 400m, aux championnats du monde à Lyon en 2013. Un avant-goût de la moisson de victoires qui s'ensuivra les 8 prochaines années. Pêle-mêle: 6 fois champions d’Europe, champion du monde du 400m à Doha en 2019 et récemment vice-champion paralympique du 100m à Tokyo. Mais le versaillais, qui consacre entre 15 et 25 heures d’entraînement par semaine à sa discipline, ne s’adonne pas à sa simple passion de l’athlétisme. En effet, son talent pour le sprint n’est pas la seule corde à son arc, Timothée s’est aussi lancé dans le rap avec deux singles, lui le passionné de musique.


Une façon d’exprimer ses sentiments, comme il le confie à FranceTV : “Ce que j'ai vécu à Tokyo m'a inspiré pas mal de choses, et le fait d'écrire m'a permis d'extérioriser toutes mes émotions : la déception et la désillusion sur le 400 m et la joie et la tension sur le 100 m. J'avais besoin de me défouler, de m'oxygéner, de souffler après ces moments durs. La musique me permet de prendre du recul, de me ressourcer et cela contribue à mon équilibre". De nature têtue, optimiste et persévérant, le “guépard blanc” prépare également un one man show, une manière pour Timothée de parler de son handicap de façon comique.


Par le rap, je peux transmettre beaucoup de choses vis-à-vis du handicap. Mais il y a d’autres choses que je peux aussi transmettre par d’autres vecteurs comme le rire et l’humour. Là aussi, j’avais envie de découvrir cet univers.” Si sa priorité reste le sport de haut niveau, la musique a pris une place prépondérante dans sa vie. "Entre 2015 et 2018, j'ai essayé de faire une pause dans la musique pour me concentrer uniquement sur le sport. Cette période a été celle où j'ai eu le plus de problèmes sportifs, avec notamment ma disqualification à Rio, et des problèmes de dos de 2018", se souvient-t-il.


En parallèle de ses deux activités, Timothée Adolphe est également concepteur de jeux vidéo. “Beaucoup de personnes voudraient partager un moment de jeu avec un proche en situation de handicap mais bien souvent ce n’est pas possible. Nous avons créé un jeu fun et inclusif pour tous types de handicap” raconte t-il à AOHM. Côté sportif, il garde en tête d’être compétitif jusqu’au Jeux 2024, chez lui à Paris.


Un accomplissement de plus qu'il aimerait bien mettre à son tableau de chasse. Mais vu la volonté qu’il consacre à ses passions, on imagine bien qu’il n’y passera pas à côté, lui qui à pour leitmotiv: “Ne rêve pas ta vie mais vis tes rêves”. Sans aucun doute, voilà une devise qui le définit parfaitement.

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