Championne paralympique de judo à Rio en 2016 après une désillusion à Londres quatre ans plus tôt, Sandrine Martinet, porte-drapeau de la délégation tricolore aux Jeux de Pékin, s’est lancée vers l’objectif Paris 2024. Un défi ambitieux pour celle qui vise, à 39 ans, une sixième participation à des Jeux paralympiques.
Par Evan Glomot
Malvoyante depuis son enfance, Sandrine Martinet est une icône du para judo. Obligé de jongler entre sa vie d’athlète de haut niveau et son métier de kinésithérapeute, la carrière de la judokate de 39 ans n’a jamais été de tout repos. Mais abandonner n’est pas dans son vocabulaire. Munie d’une abnégation sans faille, Sandrine Martinet a toujours fait face aux défis avec détermination, et ce depuis son plus jeune âge. Mise à l’écart et rejetée à l’école en raison de son handicap visuel, la jeune fille a besoin de canaliser son énergie et sa colère.
C’est pour cette raison qu’elle s’inscrit, à 9 ans, dans un club de judo en espérant subir moins de moqueries. Attirée par les valeurs que ce sport véhicule, Sandrine s’intègre facilement et n’est plus jugée pour son handicap. Les quolibets du milieu scolaire ont finalement été un déclic pour le destin professionnel de la judokate : “Je trouvais tellement injuste d’avoir mon handicap, d’avoir à faire tous ces efforts, et d’être moquée en retour. Finalement, ça m’a forgé un caractère de battante, je voulais prouver que je pouvais réussir, aux autres et à moi-même” déclare-t-elle lors d’une interview donnée au site Ablock. C’est sept ans plus tard, à l'âge de 16 ans, que Sandrine Martinet participe à sa première compétition, en Allemagne. Elle y obtient une belle deuxième place. Mais c’est bien l’année 2002 qui marque un tournant dans la carrière de la montreuilloise.
A 20 ans, elle remporte les championnats de France, obtient ses premières sélections en équipe de France puis participe à ses premiers mondiaux, où elle décroche l’argent. Une couleur qui lui colle à la peau, car elle s'incline deux fois de suite en finale après deux beaux parcours aux Jeux Paralympiques d’Athènes et de Pékin, en 2004 et 2008. On se dit alors que les Jeux de Londres, quatre ans plus tard, sont ceux qui permettront à la kinésithérapeute d’enfin toucher le graal suprême. Arrive alors la plus grande déception de sa carrière. En pleine demi-finale, elle se fracture la malléole… Malgré la douleur, elle n’abandonne pas mais est logiquement défaite, et quitte le tatami en larmes dans les bras de son entraîneur. Une image marquante qui avait ému la France entière.
Rendez-vous est donc déjà pris pour le Brésil et les Jeux de 2016. Elle tient finalement sa revanche et empoche l’or paralympique tant attendu (en catégorie -de 52kg) , une consécration plus que méritée pour Martinet. Par la suite, elle décide dans un premier temps de mettre fin à sa carrière sportive, avant de faire marche arrière : ”Je n'arrivais pas à faire la transition. J’avais encore des choses à faire, puis c’est Tokyo. C’est le pays du judo” précise-t-elle au micro de France Télévision.
Cette fois en catégorie des -de 48 kg, la multiple championne du monde et d’europe décroche à nouveau l’argent. Alors qu’on pensait que ce nouveau podium conclurait de fort belle manière la fabuleuse carrière de Sandrine Martinet, il n’en est finalement rien. Toujours en activité, Sandrine s’est aujourd’hui lancée le défi incroyable de se qualifier pour ses 6èmes Jeux Paralympiques à Paris 2024 et remporter une deuxième médaille d’or pour son pays. Sans aucune pression et avec un seul mot d’ordre: le plaisir.
Ensuite, elle aimerait développer et raconter son histoire à la future génération d’athlètes handisport et développer le paralympisme. “Pourquoi pas me former pour être kiné d’une équipe olympique ? Je veux aussi utiliser mon histoire et mon vécu pour sensibiliser un plus grand nombre de gens”. Nul doute que la résilience et le destin de la carrière de Sandrine Martinet servent d’exemple à nos futurs champions paralympiques.
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