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Laurent Chardard, champion malgré tout


Originaire de l'île de la Réunion, Laurent Chardard est victime d’une attaque de requin en 2017. Amputé du bras et de la jambe droite, il décroche l’or mondial et européen en para-natation quelques années plus tard. Un exploit pour cet éternel optimiste qui a su transformer son accident en force.


Par Evan Glomot


Donnes toi les moyens de faire ce que tu veux”. La devise de Laurent Chardard colle parfaitement bien au parcours du réunionnais. Le jeune homme, 26 ans aujourd’hui, a vu son bras droit et sa jambe droite sectionnés en août 2017 lors d'une attaque de requin à Boucan-Canot, station balnéaire de l'île de la Réunion, alors qu'il faisait du bodyboard. Ses souvenirs sont intacts : "Je ne l'ai pas vu s'en prendre à moi, juste une masse grise-marron, typique du requin bouledogue, arriver d'en dessous. J'ai la chance de me souvenir de tout mon accident et je sais que j'ai fait les bons choix donc je ne me pose pas mille questions sur ce qui s'est passé” déclare t-il à France Info.


Il poursuit : “Au moment de l'attaque, le requin m'a pris le bras droit et m'a tiré vers le fond. J'ai riposté en le tapant avec ma main gauche, ce qui m'a coûté mon pouce. On dit qu'il faut taper dans les branchies mais je ne sais pas du tout où je l'ai touché”. Suite à cet accident qui aurait pu lui coûter la vie, c’est tout naturellement que cet ingénieur de formation se tourne vers la para-natation. Il confie au site Natation handisport : "J'ai continué le sport pour justement me remettre debout et cela m'a beaucoup aidé. J'en suis venu à la natation comme j'étais très aquatique".


À peine deux ans après son accident, il se lance dans le grand bain de la compétition, lors des championnats du monde 2019 de Londres. Il y décroche déjà ses premières médailles, une en argent au 50m papillon et une en bronze au 50m nage libre. Passionné et investi, “Baby Shark” (son surnom que lui donnent ses partenaires d'entraînement) ne s’arrête pas en si bon chemin et poursuit sa quête lors des championnats d’Europe 2021 de Funchal, au Portugal. Il obtient enfin l’or au 100m dos, ajouté à cela deux autres breloques en bronze et en argent.


Auréolé de 5 podiums en grande compétition, Laurent Chardard s’avance vers les Jeux paralympiques de Tokyo avec une part de relâchement allié à une certaine ambition. "Je vais à Tokyo pour prendre un maximum de plaisir, ce n'est pas tous les jours qu'on a la chance d'aller au Japon. Évidemment je vais tout donner, mais peu importe la médaille, la place... Si déjà je parviens à améliorer mes meilleurs temps je serai content" raconte t-il avant de s’envoler vers la capitale nippone.


Sans pression durant le tournoi, le réunionnais ne goûtera pas aux médailles paralympiques, mais fait la fierté de son entourage. “Après seulement trois ans dans le haut niveau, tu as été sélectionné pour la plus grande échéance mondiale : les Jeux paralympiques ! Trois courses, trois finales 4, 7 et 6eme. On est tellement fier de ta détermination, de ta persévérance et de ta bonne humeur. Tu es un exemple pour beaucoup et tu es notre petit gars en or” partage sa sœur, Cristel, sur son compte Facebook.


Toujours positif, Laurent n’est pas du genre à s’apitoyer sur son sort, lui qui malgré son handicap continue de pratiquer régulièrement le surf ou le bodyboard (notamment grâce à une prothèse qu’il utilise pour son bras droit). “Après mon accident, j’aurais très bien pu rester dans une phase de plainte et me lamenter. J’ai perdu un bras et une jambe, je suis handicapé, ma vie ne sera jamais plus comme avant. C’est une réalité. Je ne souhaite pas être défini par cet handicap" précise t-il à Views. "L’important est d’accepter les choses, les situations difficiles. Il faut tenter de s’en servir pour continuer d’avancer".


Un caractère de vainqueur qui l’emmène vers son dernier exploit en date, dans une ville qui lui réussit décidément bien. Lors des mondiaux de Funchal en 2022, il ne se contente pas de remporter une nouvelle fois la médaille d’or mais il se paye également le luxe de réaliser le nouveau record d'Europe en 50m papillon. Et à l’écoute de ses prochains défis, “Baby Shark” n’est pas prêt de ralentir la cadence: “Mon objectif est assez simple : toujours me battre moi-même, je veux toujours battre mes records personnels.” Ça promet…


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