Jason Grandry, double champion de France de handi judo dans la catégorie -100 kg, est atteint de cécité totale depuis ses 18 ans. Un handicap qui ne l’empêche pas de pratiquer sa passion ardemment, avec en ligne de mire les jeux paralympiques 2024 à Paris.
Par Evan Glomot
La carrure imposante de Jason Grandry côtoie les tatamis depuis son plus jeune âge. C’est dans le dojo de Cornouaille, basé à Quimper, que l’homme de 34 ans fait connaissance avec le judo. Il a alors 5 ans. A cette époque, le jeune Jason le pratique en tant que loisir, avec une acuité visuelle de 1/10e due à un accident périnatal durant lequel il a eu les yeux brûlés. Sur les conseils de son entraîneur, Nicolas Cloteaux, il décide de ne plus considérer le judo comme un simple amusement, mais de se lancer en compétition.
A l’époque, il ne le sait pas encore mais cette décision fera de lui un double champion de France de sa discipline. Son parcours sportif se développe au fil des années avec des judokas valides, d’abord à Vitry-sur-Seine en région parisienne, d'où il est originaire, puis dans le Finistère, à Pont-Croix, où il s’installe en 2009. Une façon pour lui de faire abstraction de son handicap. “Le judo apprend à gérer ses émotions et permet de créer des liens. Jusqu’à l’âge de 18 ans, j’ai combattu sans interruption” déclare t-il dans une interview accordée au journal Ouest-France en 2021.
A la majorité, la maladie du s’aggrave. Le jeune homme est atteint de cécité totale, le poussant à stopper sa passion durant près de 7 ans. Il reprend le judo et la compétition à 25 ans, toujours grâce au soutien et aux conseils de son entraîneur. En 2017, à Clermont-Ferrand, la ténacité de Grandry paye.
Il remporte les championnats de France de sa catégorie. Par la suite, son palmarès lui permet d’intégrer l’équipe de France, à 31 ans. “ C’est une chance d’en faire partie. Il faut prendre tout ce qu’on nous donne” s’enthousiasme ce féru d’arts martiaux. Le colosse peut également compter sur le soutien de sa compagne Aurore. Elle confie: “Jason est très persévérant. Il veut toujours aller au bout de ce qu’il a commencé. Quand il prépare une compétition, il se met en mode guerrier.” Mode qu’il devra activer pour répondre à ses ambitions, notamment une médaille aux jeux 2024, qui arrivent à grand pas.
Pense-t-il déjà à cette future échéance ? : ”Bien sûr, j’y pense déjà, mais d’abord, je me prépare pour le championnat de France de juin 2022. Mais quoiqu’il arrive, j’arrêterai aux Jeux de Paris en 2024 pour commencer une carrière de professeur de judo.” Transmettre son savoir et ses valeurs, prouver que son handicap n’est pas un frein pour réaliser des performances sont tout autant de messages que veut faire passer le sportif. “Dépasser son handicap, c’est en faire sa force. Quant au courage, il ne s’agit pas de ne pas avoir peur mais de triompher sur elle.”
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