Chris Ballois, un athlete hors norme
- Evan Glomot
- 8 juin 2022
- 3 min de lecture
Chris Ballois, kitesurfeur professionnel handisport, a toujours pratiqué sa discipline au milieu d’athlètes non handicapés. Cela fait de ce fou de vitesse le premier athlète handisport à battre un record du monde dans la catégorie “valide”. Portrait d’un homme dévoué à sa passion et qui œuvre pour le développement de celle-ci.
Par Evan Glomot
Il ne se fixe aucune limite. Chris Ballois, kitesurfeur de 49 ans et atteint d’agénésie qui le prive d'avant-bras gauche depuis sa naissance, dompte les vagues d’une main de maître depuis plus de 20 ans. D’abord passionné de planche à voile, dont il fait partie des meilleurs véliplanchistes français dans les années 90, il découvre ensuite le kitesurf sur les plages marocaines en 1998 pour ne plus quitter cette passion. Celle qui lui a permis de réaliser de nombreuses performances.
Notamment celle d’avoir battu le record du monde de vitesse en kite en 2014, et surtout celle de vitesse “valide” sur le Mile Nautique en 2018. Un record certainement pas anodin car il en fait de ce rider le premier recordman du monde handicapé dans une épreuve “valide”. Les nombreux exploits de cet athlète hors du commun font de lui un ambassadeur dans le développement de cette discipline ainsi qu’un exemple d’humilité et de dépassement de soi. “Des personnes ont parfois peur de se lancer dans le kitesurf, pensant ne pas y arriver.
"Je me sers de mon handicap pour leur montrer que c’est accessible” déclare-t-il lors d’une interview à Ouest-France en 2021. Concilier handicap et pratique du kitesurf s’annonce compliqué quand on ne possède qu’un seul bras. Pas impossible pour cet homme de défi, comme il le raconte lors d’une interview donnée au blog de Nicolas Arquin: “J’ai commencé par le windsurf et je pense que j’étais le seul handi à en faire, mais en kite nous devons être plusieurs. Il faut associer l’adaptabilité et l’anticipation, c’est ce qui me permet d’avoir des performances.” Il explique la difficulté à piloter avec un bras en moins : “Quand je pilote le kite, je ne le pilote en effet que d’une seule main, sur un bord je le pilote normalement, mais sur l’autre bord ma main droite est à l’envers, sur la gauche de la barre. Cela demande beaucoup d’adaptabilité au niveau du cerveau pour ne pas faire d’erreurs.”
Son handicap le défavorise logiquement face à ses concurrents valides, ce qui souligne d’autant plus la valeur de ses exploits. “Clairement, j’ai deux fois moins de puissance qu’un athlète valide en speed. Quand on atteint de hautes vitesses, physiquement ça tire. Il faut trouver des astuces de navigation, cela vient avec l’expérience, indique t-il. Le matériel doit également être extrêmement fiable et bien réglé, car je ressens tous les effets parasites. Un valide va compenser avec un physique, moi je ne peux pas, je vais donc optimiser le matériel pour avoir le moins d’efforts possibles à fournir.”
A l’origine de la création et de l’ambitieux projet du kiteboatspeed, un nouveau concept de trimaran, avec son association Air Océan, Chris Ballois dédie beaucoup de son temps au développement du kitesurf en France. Responsable commercial et technique dans le kite jusqu’en 2014, il lance ensuite sa compagnie Handiconsulting ou il participe aujourd'hui à différentes conférences basées sur le handicap, la performance ou la motivation. Lors de celles-ci, cet athlète passionné et hors du commun a sûrement l’occasion de lancer l’une de ses phrases fétiches: “Si j’y arrive, pourquoi pas vous ?”
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